Ha…. La Saint Valentin…. Existe-t-il fête plus joyeuse, fête plus rieuse, fête plus amoureuse que la Saint Valentin ?! Oui ! Assurément ! Certainement ! Évidemment ! Et pourtant aujourd’hui la Saint Valentin est de loin la fête qui recueille toutes mes préférences ! Pourquoi ?! Ha… Patience petit lecteur, patience…. Tu saura ce que tu dois savoir quand j’aurai décidé que tu dois savoir ce que je veux que tu saches. Mais trêve de bavardages ! Laissons dès à présent de côté les jeux de mots et de mains pour nous intéresser à d’autres sortes de jeux, des jeux…. de vilains.
Chapitre premier (et dernier)
- Maaancare !! Tu es plus ravissante que jamais mon amour ! Tu es, tu es… tu es comme une rose blanche habillée de rouge ! Tu es divine mon amour…
- Ho tu es un vil flatteur Zburator ! Vil flatteur oui !
- Si peu, si peu ma douce… Mais entre, entre mon amour je t’en prie, ne reste pas là, quelqu’un pourrait passer par là et te voler le temps que je batte des paupières !
- Ha ! Ha ha…. Idiot.
- Si cela t’enchante…
Après ce court échange je fis entrer Mancare en ma demeure. Mancare, ma petite perle du japon ou d’ailleurs. Une ravissante créature dont je tairai l’âge mais pas les qualités physiques. 1m85 pour 70kg, fine et musclée mais pas sans forme. Elle avait une poitrine timide mais pourtant bien présente et qui savait vous accrocher l’œil du bout du téton à travers sa longue robe rouge scintillante. Un minois charmeur sur une peau pâle comme la lune, des yeux noirs comme l’ébène et une chevelure du même noir-ténèbre. Son visage aussi fin que sa silhouette ne réservait ses sourires qu’à ma personne, tout comme ses caresses, ses rires et ses jouissances. Nous étions fous, furieux, fusionnels.
Et ce depuis le premier jour de notre rencontre, un 14 février, il y a de cela… des années… J’étais alors jeune et fougueux et je n’aspirais qu’à explorer, découvrir et conquérir tous les domaines de l’amour et goûter à toutes les femmes du monde. Et ce par n’importe quel moyen. Et c’est ainsi que je fis la connaissance de ma Mancare ! Avec elle ma curiosité prit fin, un peu malgré moi, un peu par ma main. Et ainsi je fus lié, pour l’éternité, à ma Mancare, un 14 février…
Et depuis ce premier jour nous ne vécûmes plus l’un que pour l’autre, nous ne vécûmes plus que pour un seul jour par an. Et à cet amour exclusif, nous n’avions qu’un jour exclusivement par année. Quelle tristesse, quelle pitié, quelle torture que tous ces 14 Février…
Oui… Oui c’est certain, Mancare était la Némésis de ma liberté, la gardienne de mon amour… et de ma solitude. Des années que nous nous côtoyions et que, désespérément, j’essayais, année après année, Saint Valentin après Saint Valentin, de me débarrasser de son charme envoûtant, de ces trop tendres sentiments... En vain.
Ô mais ne vous y trompez pas, ne soyez pas inquiet. Elle savait. Elle savait très bien. Elle savait que je lui étais attaché comme un rockeur à sa coke, comme un bébé à sa tétine, comme un fou à son ampoule. Tout comme je savais que, malgré elle, elle me désirait plus que tout… Ha… Une entente parfaite en somme. Excitante, trépidante, violente parfois !
J’aimais ses ongles, oui ! Ses ongles longs, manucurés, vernis d’un rouge sang qui se mêlait au mien lorsque la passion la dominait… Je m’égare, pardon ! Pardon, je m’égare ! Et je sens que tu t’impatientes, tu te sens perdu même, tu te demandes pourquoi ? Pourquoi un jour l’année ? Pourquoi un 14 févier ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?! Patience petit lecteur, patience…. Tout vient à point à qui saura lire sans attendre… Revenons donc à notre, pardon, à MA belle attachée…
Si tôt entrée je débarrassais ma douce de son manteau, de son champagne et l’invitais à s’assoir au salon tandis que j’allais rapidement mais surtout discrètement lancer le dit vêtement dans une quelconque chambre de ma demeure. Et c’est ainsi que, champagne en main, je fus à ses cotés avant même que mon canapé n’ait pu sérieusement saluer ces deux provocantes.
- Mancare……
- Zburator…… J’ai attendu ce jour depuiiis siii longtemps ! Tu m’as manqué vilain ensorceleur !
- Pas autant que toi démone….
Tandis que nous échangions ces mots doux, je laissais mes lèvres chercher le creux de son oreille et mes mains saluer les hanches et genoux de mon opiacé. Je me fis enjôleur, elle se fit ingénue. Mais sous le masque de l’innocence, ses mains, garces sans pareilles, allaient et venaient de ma nuque à mon aine, caressant, effleurant, jouant avec mes frissons comme un archet de son violon.
- Tu ne gagneras pas cette fois-ci…. Je ne suis plus celui que j’étais tu sais….. Je me suis préparé à te recevoir ma belle Mancare.
Disant cela bravement, je ne pouvais cependant que difficilement cacher la chaleur qui se nourrissait en moi de ces vicieuses attentions. Mais le moment était venu pour moi de prendre le dessus, d’être enfin le mâle dominant que j’avais toujours voulu et aurais toujours dû être ! La chaleur ne l’épargnait pas non plus, et bien que plus impassible que moi, je voyais bien sa poitrine suffoquer légèrement sous les effets du désir. Je la connaissais mieux que jamais, je savais exactement ce que j’avais à faire…
- Au fait ma douceur…. Tu veux un peu de champagne peut-être ?
- … Juste un doigt Zburator… Juste un doigt.
- Comme tu voudras gourmande !
J’avais attendu ces mots une année entière, une année de frustration, une année pleine, seul, à me torturer l’esprit pour comprendre comment. Comment prendre le dessus sur cette dure addiction et couper les liens douloureux qui me liaient à cette créature infernale. J’avais attendu ce moment, j’avais attendu ces mots, et enfin elle les avait prononcés.
- Selon tes désirs ma désirée !
Et à ces mots je la basculais sur la banquette de cuir de mon canapé et plongeais ma main à son entrejambe avant qu’elle ne puisse laisser échapper son premier soupir. Je vis la surprise dans ces yeux et ces mains chercher vivement mon dos, en lacérer la chair. Un instant je sentis d’elle comme une envie, une volonté de m’arracher la colonne. Mais il était trop tard, elle avait parlé et je n’avais fait qu’obéir. Je respectais les règles du jeu et elle devait donc en faire autant. Mes doigts trouvèrent le chemin entre les plis de sa longue robe échancrée et, une fois sa culotte écartée, ceux-ci purent enfin se rafraichir à sa source.
Elle était à moi, je sentais le contrôle ténu, je sentais la violence transpirer à travers ses baisers, ses dents mordantes, ses yeux furieux. Je la tenais en mon pouvoir, c’était encore fragile. Je devais lutter, rester alerte. Si je perdais aujourd’hui, j’avais bien peur de perdre à tout jamais. Aussi ne m’arrêtais-je pas sur mes acquis, je ne pouvais pas la laisser se lasser de mon petit jeu. Je sentais son cœur déchirée entre sa passion, son amour pour moi, et la colère d’avoir été trompée. L’ordre impérieux, supérieur, de résister à mon défi.
- Du calme Mancare, je sais que tu ne me feras pas vraiment mal cette année, j’ai appris de mes erreurs passés, et… j’ai confiance en toi petite démone…
Je venais peut être de faire une erreur….
Car à ce dernier mot elle gémit de rage, se cambra. Par sa taille et par la surprise, elle réussit à me faire perdre le contrôle. Libérée de mon étreinte elle nous fit rouler à terre, ma tête cogna le sol mais je n’eus pas le temps de compter les étoiles que déjà je sentais ses ongles s’enfoncer dans ma poitrine et son entrejambe venir se glisser et presser la mienne avec fureur. Ses yeux, deux brasiers incandescents, brûlaient jusqu’à mon âme. Je faillis un instant me perdre. Mais je ne pouvais pas le permettre, ni pour moi, ni pour elle. Je saisis ses mains et la tirais à moi, capturant ses lèvres des miennes, enfonçant mes paumes dans ses ongles. Quelques secondes seulement, juste le temps pour moi de respirer, le temps pour elle de s’oublier. Ce répit m’offrit une voie de rédemption. Le champagne, abandonné, tombé au sol, là.
Déjà je sentais ma passion pressée, dressée, se faire envelopper, capturer par la folle chaleur du corps moite et frénétique de ma destinée. Il était trop tôt, trop tôt ! Ce n’était pas à elle de m’envelopper, c’était à moi de la fendre, de tracer mon chemin vers la liberté à travers son être. Aussi, avant que le mal ne soit fait, je frappai de mes deux mains sa poitrine, la renversant et me jetant aussitôt sur elle. Saisissant le champagne, le brisant sur le bord de la table, j’arrosai alors ma proie du liquide pétillant. La surprise pour elle fut totale et je saisis l’occasion, écartant les cuisses de ma soumise un instant seulement. Un instant qui suffit cependant. Dans ce moment suspendu, avant qu’elle ne puisse s’y opposer, je me dressais au-dessus d’elle, la dominant de tout mon corps. Et dans un seul élan je pénétrai en son sein, brisant le charme qui nous avait liés depuis le premier jour de notre rencontre, m’étant fin à la punition de celui qui avait voulu tout prendre sans rien donner.
Une seconde, une éternité, un instant où tout fut figé, le ciel se fit plus sombre, les bruits plus sourds, tout s’arrêta…. Immobile, je laissais mes yeux glisser jusqu’à ceux de Mancare. Elle était…. Si pâle, soudainement si fragile. Elle me regardait, les yeux grands ouverts, et je voyaiss la détresse, la fatigue, la peur, le soulagement… Mais plus que tout je voyais dans ces yeux se refléter le même amour que je lui portais. Et le charme se brisa, le temps reprit son cours, le ciel s’éclaircit, la rue se fit entendre à nouveau, et je m’écroulais aux côtés de ma douce malédiction… brisée. Elle vint se blottir contre moi, elle pleura, je pleurai, nous pleurions.
- Merci mon amour, mon ange…
- Je ne suis pas un ange, ma douce, et tu le sais très bien. Un immortel seulement.
- et moi je ne suis pas douce, mon immortel. Je ne suis qu’un démon tu sais… une malédiction pour les plus arrogants... comme toi.
- C’est du passé. Je t’ai libérée… je nous ai libérés. Tu peux partir ma Mancare, tu es libre…
- Je ne l’ai plus jamais été depuis le premier jour de notre rencontre, idiot de Zburator !
Et sur ces mots elle se remit à califourchon sur moi, laissant son index courir doucement de mon bas-ventre à mon visage, et venant accueillir au creux de son intimité toute ma passion. Puis, ces yeux plongés dans les miens, un sourire taquin au coin des lèvres, elle plaça ses mains au-dessus de mon visage, et des ongles d’une main elle se trancha le poignet de l’autre. Et tandis qu’un filet de sang coulait jusqu’à mes lèvres, elle m’adressa ses premiers mots sincères depuis le premier jour de notre rencontre : « Joyeuse Saint Valentin mon Zburator, laisse-moi être ta Mancare pour aujourd’hui… et pour l’éternité… »