Pourquoi les guerres, pourquoi les morts, pourquoi toutes ces souffrances encore ?
Pourquoi la terreur et la violence, pourquoi toutes ces horreurs, ces absences ?
Pourquoi le mal et pourquoi toujours, pourquoi les hommes suivent le même cours ?
Pourquoi des plus jeunes aux plus anciens, pourquoi des plus beaux aux plus vilains ?
Parce qu’il faut vivre, oui, vivre, ou juste survivre mais coute que coute il faut vivre.
Parce que le souffle qui soulève nos poitrines, parce que le pain qui éloigne la famine.
Parce que le soleil qui réchauffe, les baisers, les étreintes, les amours et les amitiés.
Parce que demain et tous ses espoirs, parce qu’un nouveau jour succède aux soirs.
Pourquoi si peu de révolte quand tant s’écrie, pourquoi si peu d’action quand tout le prédit ?
Pourquoi tant de mots sur tant de maux, pourquoi si peu de mouvement de tant de gens ?
Pourquoi reste-t-on si immobile et triste, pourquoi personne ne bronche et ne quitte la piste ?
Pourquoi suit-on des voies si lugubres, pourquoi se repose-t-on dans ses cours insalubres ?
Parce qu’il faut vire à tout prix, à tout sacrifice, à s’accrocher pour que toujours demain puisse.
Parce qu’il faut repousser le temps, vivre maintenant, et pour espérer le futur oublier le présent.
Parce que la vie est au-dessus de toute chose, la nôtre d’abord, et surtout avant celle des autres
Parce que l’on veut croire, faire confiance, tenir, pour peut être un lendemain pouvoir devenir.
Pourquoi tant de savoirs, tant de connaissances, des morts, de leurs nombres, de leurs désespérances ?
Pourquoi tant d’images, tant de sons impitoyables, ressassant sans fatigue leurs horreurs incroyables ?
Pourquoi entendre et pourquoi toujours écouter, pourquoi ne pas simplement tout éteindre et oublier ?
Pourquoi s’infliger ces douleurs sans aucun repos, pourquoi ne pas simplement jouer aux joyeux idiots ?
Parce qu’il faut vivre, parce qu’il faut espérer, parce que l’on ne peut vivre seul et avoir aimé
Parce qu’il reste cette flamme chez les plus démunis, que ceux qui les gouvernent ont mis sous la pluie
Cet espoir ténu et pourtant intangible que demain marquera une avancée pour le genre humain,
Que ceux qui peuvent élargiront leurs cœurs, au-delà du cercle de leurs plus proches adorateurs.
Pourquoi rien ne change, pourquoi les plus gras, profitent de la misère pour gonfler leurs bas ?
Pourquoi la science progresse seule et sans alliée, sans voir dans ses pas la suivre l’humanité ?
Pourquoi tout le monde sait mais reste silencieux, pourquoi les seuls révoltés sont les moins heureux ?
Pourquoi le pouvoir abîme les compassions, pourquoi les hommes lui sacrifient leur attention ?
Parce qu’il faut vivre à tout prix, à toutes concessions, même sans repos, sans paix, sans ambitions.
Parce qu’il faut plisser le regard pour mieux mal voir, se crever les yeux, le cœur pour ne pas tuer l’espoir.
Parce qu’il faut oublier, sans cesse et chaque seconde, les horreurs, les misères qui traversent ce monde.
Parce qu’il faut vivre même sale, même à moitié ; même en lambeaux, même tristes, même abîmés.
Vivre.