Elle était ceinturée d'immeubles ternes
Aux teintes grises, beiges et humides.
Elle était sale, brillante, un peu en berne
Avec sa fresque fantastique et timide.
Elle avait ce don, ce talent incroyable
D'éveiller toutes mes espérances
Lorsque marchant, au détour d'une table,
Je me retrouvais en sa présence.
Et j'étais là, pour un battement de cœur,
Aspirant tout de sa banale beauté.
De cette urbaine j'embrassais les erreurs
Tandis qu'elle s'étendait à mes pieds.
Ma rue, cette rue, ma pauvre rue.
Sans charme, sans dorures, sans ornements,
Sans rien d'autre que la pierre nue,
Que le regard sombre d'un écrivain d'antan.
Et, las, je laissais aller mon pied plus bas.
Ainsi commençait, inévitable, la descente,
De son escalier qu'ornait une pauvre baba,
Aux yeux bleus d'une douceur indécente.
Et je lui tendais la main, d'un petit rond doré,
Je lui donnais si peu de ce qu'elle me rendait.
Et je relevais les yeux sur la rue civilisée,
le soleil disparu, tout me semblait soudain si laid.